Le CTPA et Claranor s’associent afin de tester les bénéfices de la Lumière Pulsée sur le traitement des aliments
Un article de Tiziano Polito – Usine Nouvelle Février 2023
Hurdle technologies
Combiner plusieurs procédés de conservation au lieu de tout miser sur une seule technique : les spécialistes parlent de « hurdle technologies » pour désigner cette approche.
« Le principal intérêt consiste à mélanger des traitements doux comme la lumière pulsée, les hautes pressions ou le changement de pH afin d’éviter de matraquer le produit avec des procédés sûrement efficaces, mais parfois trop agressifs comme la chaleur », explique Patrice Dole, directeur scientifique du Centre technique agroalimentaire (CTCPA). Et de poursuivre : « Il s’agit d’une voie très intéressante, sur laquelle nous progressons à petits pas, car il nous faut encore tout apprendre, cela dépend aussi beaucoup des typologies de produits et du mode de conditionnement ».
C’est dans ce contexte de recherche appliquée que le centre technique alimentaire annonce son partenariat avec Claranor, le spécialiste français de la lumière pulsée. Les bénéfices des flashs de lumière intense, produits par des lampes au xénon sur des intervalles de temps très courts de l’ordre de 0,3 ms, sont connus.
Ils permettent de désactiver les micro-organismes présents sur une surface. La solution est très efficace contre les bactéries et les moisissures qui sont aussi les principaux déclencheurs du dépérissement des aliments : jusqu’à 5 log de réduction sur des surfaces lisses, et de 1 à 3 log sur les produits alimentaires. La technologie est aussi peu polluante, puisqu’elle ne requiert ni eau ni produits chimiques et consomme peu d’énergie. Mais, jusqu’à présent, les applications se limitaient à l’emballage : pots, bouteilles, opercules, bouchons…
Tester l’action de la lumière pulsée à travers les emballages et sur la surface des produits
« Nous avons souvent été sollicités par nos clients qui nous demandaient si notre procédé pouvait fonctionner aussi sur leurs produits, indique Isabelle de Forsanz, responsable du marketing et de la communication de Claranor. Avec ce partenariat nous allons nous donner les moyens d’aller plus loin dans cette voie ». La proximité des deux entités, toutes deux basées à Avignon (Vaucluse), a favorisé ce rapprochement.
Le CTCPA et Claranor s’adressent aux industriels qui seraient tentés d’explorer la technologie seule ou en combinaison avec d’autres procédés pour conserver leurs produits plus longtemps et dans de meilleures conditions. Leur approche portera à la fois sur l’action de la lumière sur la surface des produits et à travers les emballages. « On peut penser au traitement sur les deux faces d’une tranche de jambon conditionnée à l’intérieur d’une barquette en plastique transparent ou à un croissant à l’intérieur d’un flowpack », indique Patrice Dole.
Et d’ajouter : « Les intérêts sont multiples. Il y a bien sûr la préservation des qualités gustatives et des propriétés nutritionnelles des produits, mais aussi d’autres raisons. Dans le cas de la boulangerie, la lumière pulsée nous permettrait, par exemple, d’éviter l’usage de l’éthanol et donc d’éviter d’effectuer un étiquetage spécifique pour répondre aux exigences des populations qui ne consomment pas d’alcool. » Cristallins, les emballages souples en polypropylène orienté (OPP), apparaissent comme un matériau de choix pour effectuer un tel traitement qui nécessite une parfaite transparence afin de laisser passer les rayons de lumière.
Mais, tempère, le directeur scientifique : « Tout reste à faire, nous avons besoin de tester des produits et des emballages pour calibrer nos outils. » L’organisme estime que des applications sont possibles dans le domaine des produits frais, les salades de quatrième gamme, ou encore les salaisons et les produits de boulangerie. Mais, afin d’en être certains, il faudra que des industriels se lancent dans des tests plus approfondis.
Fondé en 1950, le CTPCA est un centre technique qui se consacre aux problématiques de qualité et de sécurité alimentaire. L’organisme emploie 100 personnes, pour la majorité des ingénieurs, des doctorants et des techniciens, et réalise un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros.