AGIPI part à la rencontre de Claranor pour une discussion autour du développement durable
Ci-après la retranscription de cet interview entre Carine Rocchesani et Christophe Riedel.
Après des études d’Ingénieur en génie des procédés agroalimentaires, Christophe Riedel travaille d’abord pour de gros industriels avant d’entamer un MBA qui l’amène à s’intéresser à l’utilisation de la Lumière Pulsée pour la stérilisation d’emballages dans l’agroalimentaire.
Entré en 2007 chez Claranor, il constitue une équipe pluridisciplinaire de personnes qualifiées en ingénierie, microbiologie, automatisation et optique.
Dirigeant de Claranor depuis 2010, Christophe Riedel se réjouit de voir que la contribution de l’entreprise au développement durable suscite l’engagement fort des salariés en particulier des générations montantes.
Pourquoi le sujet du développement durable vous tient-il à cœur ?
Je pense que c’est lié à mon enfance et des personnes autour de moi qui ont aussi eu ce sujet très à cœur de façon pionnière.
Dans votre parcours professionnel ainsi que dans vos études y-at-il eu des moments où ça vous a rattrapé ?
Quand j’ai commencé à travailler sur la lumière pulsée c’était au début des années 2000, c’est une technologie propre, sèche et peu énergétique et c’est ce qui nous a amené ici.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la Lumière Pulsée ? Quelle est son utilité et quel rôle joue-t-elle dans l’industrie agroalimentaire ?
La Lumière Pulsée, ce sont des flashs de lumière intense qui contiennent des ultraviolets et ces flashs permettent de stériliser les micro-organismes sur des surfaces. Elle les tue instantanément durant le flash de 0.3 millisecondes et notre solution permet de remplacer les désinfectants chimiques. C’est aussi ce qu’on appelle l’économie bleue et cela s’inscrit totalement dans les technologies du futur afin d’assurer la conservation des aliments pour la vie moderne.
Comment passe-t-on d’une innovation vertueuse à une machine industrielle pour des PME et des groupes plus importants ?
Nous avons écouté les clients pour voir quels étaient leurs besoins ainsi que les applications sur lesquelles il pouvait y avoir un marché permettant d’industrialiser et de produire des machines et réaliser suffisamment de ventes afin d’avoir une entreprise viable.
Nous venons de lancer avec le groupe L’Occitane en Provence, une très belle marque française de cosmétiques d’origine naturelle, une machine dédiée aux magasins L’Occitane pour stériliser les flacons afin de pouvoir les réutiliser. Les consommateurs / consommatrices reviennent avec leurs bouteilles afin de les stériliser avant remplissage. C’est une démarche zéro déchet.
Avec tout ce potentiel de croissance, les locaux deviennent de plus en plus petits !
Oui, c’est pourquoi nous faisons construire un bâtiment afin de doubler la surface de nos locaux.
Nous voici dans ce très beau bâtiment tout en bois, pouvez-vous nous en dire un mot ?
C’est effectivement un bâtiment entièrement en bois avec un maximum de matériaux biosourcés. Le parking se trouve au sous-sol afin de limiter l’imperméabilisation des sols, cela va nous permettre d’avoir des espaces verts et donc de l’agrément dans l’usage du bâtiment. Ce bâtiment a obtenu un label Bâtiments Durables Méditerranéens (BDM).
C’est la preuve visible de votre engagement RSE mais il y a aussi toute la dimension sociétale qui est importante.
Oui la dimension sociétale et sociale dans l’entreprise c’est la santé des collaborateurs, le salaire à l’embauche, le bien-être dans l’entreprise, l’entretien individuel semestriel, la façon de prendre des décisions, d’expliquer, la transparence de l’information sont des aspects importants. Nous essayons d’être ancrés et non hors sol par rapport à notre activité.
Sur le sujet RSE, avez-vous le sentiment que les actionnaires et vos clients sont de plus en plus sensibilisés ?
Je pense qu’il y a une sensibilisation générale qui vient par la société. Pour les PME comme nous, cela reste différenciant, mais pour les plus grands groupes cela devient une réelle contrainte à la fois par la pression réglementaire mais aussi par rapport à des ONG qui vont petit à petit rentrer dans des actions en justice afin que l’Etat ainsi que les grandes entreprises tiennent des engagements.
« une orientation réellement vertueuse pour le consommateur ou l’épargnant »
C’est une orientation réellement vertueuse pour le consommateur ou l’épargnant qui a souvent eu le réflexe de placer son argent à l’endroit ou cela rapporte le plus ; de même que les entreprises ont géré leur activité en ayant uniquement le focus sur la rentabilité et les chiffres. On voit l’évolution de la société, du climat et de l’environnement et cela requiert que chacun exerce sa responsabilité.
Quand le chef d’entreprise doit dépenser quelques millions pour construire un bâtiment il doit faire quelque chose à la hauteur des enjeux de son temps et un épargnant lorsqu’il met son argent pour sa retraite, lorsqu’il investit, de nos jours il doit être responsable et exigeant. Il est donc intéressant qu’un organisme comme AGIPI, qui draine de très grosses sommes d’argent, s’inscrive dans cette démarche et mette aussi à disposition des outils permettant d’orienter vers une société et un environnement meilleurs tout en restant rentable.
Que pensez-vous de la belle initiative de l’entreprise, Time for the Planet, qui a crée un mouvement pour financer des entreprises permettant de lutter contre les gaz à effet de serre?
Dans le débat de société qui se fait et avec l’évolution que nous avons après des années de modèle économique orienté sur la rentabilité des entreprises, le monde associatif et la société se lèvent pour promouvoir des valeurs différentes et trouver du sens. Dès lors que nous ne sommes plus en entreprise nous prenons un modèle hiérarchique qui fonctionne, un modèle démocratique où l’environnement appartient à chacun de façon équitable, c’est un peu le principe « un homme, une voix ». Et, quand l’entreprise doit s’occuper de questions environnementales ou sociétales, ces deux systèmes doivent s’impliquer afin de trouver une solution. Cela se retrouve dans la gouvernance même des PME. Moi, je suis particulièrement intéressé à avancer dans ce débat d’idées et dans cette recherche.