Comment Claranor veut développer la stérilisation par lumière pulsée
Un article de Maëva Gardet-Pizzo
« Spécialiste de la stérilisation d’emballages alimentaires par lumière pulsée, l’entreprise située à Avignon a su séduire les géants de l’agroalimentaire. Désormais, elle cherche à élargir son spectre d’activité en se penchant sur la santé et les cosmétiques. »
Spécialiste de la stérilisation d’emballages alimentaires par lumière pulsée, l’entreprise située à Avignon a su séduire les géants de l’agroalimentaire. Désormais, elle cherche à élargir son spectre d’activité en se penchant sur la santé et les cosmétiques.
C’est au Japon, dans les années 1970, qu’est découverte la lumière pulsée. Emise en flashs de très courte durée, la lumière cible précisément des groupements d’atomes au contact desquels elle se transforme en chaleur. Chaleur qui détruit les chromophores visés sans endommager le reste. Très en vogue dans l’épilation, la lumière réagit au contact de la mélanine contenue dans les poils. Dans le domaine de Claranor, à savoir la stérilisation, elle détruit les bactéries, virus et moisissures sans altérer les qualités nutritionnelles du produit. Et ce, en à peine quelques millisecondes, sans qu’il soit nécessaire d’utiliser une quelconque substance chimique. Une alternative intéressante aux procédés chimiques et aux inconvénients qui les accompagnent : résidus dans les emballages, nuisances pour les ouvriers qui les manipulent, dégagements gazeux ou encore atmosphère oxydante dans emballages.
Spécialisée dans l’emballage alimentaire
La stérilisation par lumière pulsée est donc une petite révolution. Mais elle a mis du temps avant de se faire une place sur le marché. « Il y a eu une société américaine, PurePulse, qui s’est lancée dans ce procédé dans les années 1980-1990. Mais elle n’a jamais vendu de machines industrielles », explique Christophe Riedel, PDG de Claranor. Et de rappeler la série d’entreprises européennes qui ont chuté à leur tour. En cause : « une industrie alimentaire qui, sous forte pression de coûts, est assez peu ouverte à l’innovation en ce qui concerne ses procédés ».
Qu’à cela ne tienne. En 2004, Claranor est créée. Il lui faudra cinq bonnes années avant de devenir opérationnelle, le temps de réaliser des tests sur différents types de produits : spray nasal, pain… Mais c’est finalement sur l’emballage alimentaire que choisit de se concentrer l’entreprise. « Pour trois raisons. D’abord, les surfaces plastiques sont lisses et donc plus faciles à décontaminer ». A l’inverse, des textures rugueuses produiraient des effets d’ombre qui perturberaient le traitement. « De plus, ce sont des produits universels. On les trouve partout, sous des formes similaires dans le monde entier. Enfin, dans l’alimentation, la décontamination est le plus souvent chimique ». Et l’opportunité d’une alternative propre d’autant plus intéressante.
Des clients parmi les géants de l’agroalimentaire
Un intérêt qui séduit des géants de l’agroalimentaire. « Au début, nous nous occupions des bouchons de bouteilles d’eau. Notre première référence a été Nestlé en Arabie Saoudite ». Puis la société se penche sur les cols de bouteilles et bouchons de produits laitiers, sauces en pot et sceaux. En 2011, elle réalise son premier million d’euros de chiffre d’affaire. Actuellement, elle travaille avec Coca Cola, Danone, ou plus récemment Thimonnier pour des poches type gourdes à compotes.
Si Claranor s’adresse également aux constructeurs de machines qui fournissent ces industries alimentaires, c’est bien le client final qu’elle tente de séduire en premier lieu. « Certains constructeurs sont en situation oligopolistique et imposent leur technique au client. Nous sommes donc obligés de convaincre le client final de lui demander notre technologie ».
Des clients qu’elle tente de convaincre en mettant en avant la propreté de la solution, mais aussi le gain de temps qu’elle permet. « Un flash dure 0,03 millisecondes. Avec un traitement aux UV ou chimique, c’est une histoire de secondes ». Une différence qui compte, surtout pour des grands groupes dont les volumes sont considérables. « Et ce gain de temps se traduit par des machines très compactes ».
Elargir son spectre d’activités
Une stratégie qui a permis à Claranor de croître -avec un effectif actuel de 32 salariés – et d’afficher un chiffre d’affaire de 5,75 millions d’euros en 2018. Une croissance qu’elle veut poursuivre en élargissant son spectre d’activités. « Il y a un an, nous nous sommes lancés dans le lait infantile. Nous allons prochainement livrer une machine en France qui est un très gros opérateur sur ce marché ».
Mais la PME lorgne aussi du côté de la santé et des cosmétiques. « Avec Steriline, une entreprise italienne spécialisée dans les lignes aseptiques pour les médicaments, nous développons la décontamination de barquettes de seringues ». La pharmacie, « un secteur qui cherche la performance économique et veut éviter les procédés lourds voire chimiques ». Une volonté qui se retrouve dans les cosmétiques où les conservateurs sont vivement remis en cause. Une première machine a été livrée dans ce secteur l’an dernier, et elle ne devrait pas être la dernière.